Thursday, December 30, 2010

CARNET DE VOYAGE A BABABE

Tu rentres à la maison après une longue journée de travail. Assis sur ton canapé devant ta télé, tu dégustes ton thé soigneusement préparé. Soudain, le parfum de la menthe réveille des pensées nostalgiques qui te font voyager jusqu'à looti-ma.

Tu vois défiler des images de ta chère patrie, de ton enfance, de toi. Ton amour pour ta terre natale grandi, tu veux l’aimer encore plus et la chérir. Tu veux la rendre belle, plus belle que toutes les autres terres sur terre. Tu veux travailler pour elle, pour qu’elle se développe, pour que ses fils soient heureux et tu te demandes. Tu te demandes que faire pour rendre tout ce qu’elle t’a donné. Tu cherches alors par quoi commencer.

Tiens, ce document est pour toi. Je pense qu’il t’aidera à identifier les besoins de ton Bababé et te permettra de développer d’élégants projets à son profit.

Alhousseynou Sall
Ottawa, Canada
Le 30 Décembre 2010


Cher(e)s Compatriotes, cher(e)s ami(es) de Bababé,

Je suis rentré de Mauritanie après un séjour de 37 jours, dont 4 semaines passées à Bababé. J’ai pu profiter de ce voyage pour me ressourcer auprès des miens, mais aussi pour constater les progrès accomplis en matière de santé et d’éducation au sein de notre communauté. Dans ce document, je me permets de faire une modeste évaluation des résultats des efforts accomplis par celles et ceux qui se battent depuis ces deux dernières années pour sortir Bababé de sous développement. J’insiste sur le fait que tout ce qui sera dit dans ce document, relève de ma libre appréciation de la situation et n’engage que ma personne.



CHAPITRE I : SANTE

Campagne de Sensibilisation:
Comme certains avait pu le constater, le volet sensibilisation a été amputé du programme de la Seconde Edition de la Caravane Médicale de Bababé (2010). Ceci était dû au fait que je n’avais pas pu me libérer de mon travail en Août dernier pour aller à Bababé participer au travail. Cependant, en accord avec mes collègues de l’APSCB (Association des Professionnels de Santé de la Commune Bababé) et de DEHA (Damaaw Education and Health Association)-(http://damaaw.org), il était convenu que j’organise une campagne de sensibilisation dès ma venue à Bababé. Chose promise, chose faite !

Nous avons alors organisé deux journées de sensibilisation à Bababé au cours desquelles nous avons parlé des pathologies qui sont « d’actualités » chez nous a savoir le VIH/SIDA, les hépatites virales, la malaria et l’hypertension. J’ai été assisté par mes collègues M. Samboye Dème et Mme Houleye Ba qui étaient venus à Bababé pour la fête de Tabaski. Le Dr. Ba Alhousseynou devait être présent à ces journées mais a été retenu à Nouadhibou par une urgence familiale. Je tiens à remercier au passage M. Oussou (le boutiquier) qui nous a gracieusement prêté son matériel de sonorisation et M. Choybou Wane, le Directeur de l’école I qui a mis à notre disposition des chaises de son école.

Mis à part quelques soucis techniques, je dois dire que la campagne a été un succès. J’ai tout de même constaté une baisse de notre auditoire (une centaine de personne seulement) comparativement aux précédentes journées de sensibilisation. J’ai appris par la suite que l’information sur la tenue des journées n’avait pas bien circulée. D’ailleurs, de nombreuses personnes qui ne sont pas présentées au rendez-vous ont manifesté leur mécontentement pour n’avoir pas été informées. Nous avons eu la maladresse d’organiser la campagne deux et trois jours seulement près la fête de tabaski, une date qui ne convenait pas à tout le monde. Je m’en excuse et je prendrai compte de ces facteurs la prochaine fois.

Célébration de la Journée Mondiale de Lutte Contre le VIH/SIDA:
La journée était organisée par Word Vision, les Paires Educateurs de Bababé et le Centre de Soins Médicaux de Bababé. Le coup d’envoi était donné dans la matinée, dans les locaux de mairie, en présence de messieurs l’Adjoint au Maire (Fall Mika), le Préfet de Bababé (Nave o/ Lemana), le Commandant de la Brigade de Gendarmerie de Bababé (Ahmed o/ Mouhamed), le Représentant de World Vision (Massina Mamadou), le Major du Centre de Soins Médicaux de Bababé (Dr. Mohamed o/ El Mocktar), les membres du bureau de l’Association des Paires Educateurs de Bababé, et moi-même.


Photos 2 : Cérémonie d’ouverture de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA(en haut à droite M. le Préfet, Nave o/ Lemana, en haut à gauche M. le Major du Centre de Soins Médicaux de Bababé, Dr. Mohamed o/ El Mocktar)
J’ai été choisi par mes collègues pour animer une conférence dans l’après midi, dont la thématique était je cite : « le droit des personnes vivant avec le VIH/SIDA ».

La conférence s’est tenue sur la place de la tribune. Comme pour la campagne sensibilisation, j’ai noté une baisse de l’auditoire et un manque dans l’organisation qui s’est traduit par des pannes répétitives du matériel de sonorisation.

Toutefois, nous avons terminé la journée sur une note positive. J’ai été satisfait par l’intérêt porté par les jeunes, en particulier les filles qui osent de plus en plus s’exprimer sur la sexualité. J’ai également noté un gain de maturité chez les jeunes qui participent sans complexe dans les débats et posent de très pertinentes questions.



Photos 3 : Conférence pour la célébration de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA

De nombreuses personnalités étaient présentes à la conférence. Entre autres M. le Préfet, le Major du Centre de Soins Médicaux de Bababé, le Président (M. Samba Wonny), le Commissaire des Comptes (M. M’baye Abderrahmane) et le Secrétaire Général (M. Moussa Idy dit Gory) des Paires Educateurs.

Je tire mon chapeau aux Paires Educateurs pour leurs implications en ce qui a trait à l’éducation de la communauté en matière de VIH/SIDA. Ils ont joué un sketch riche en informations sur les voies de transmission du VIH/SIDA et les moyens de préventions.

A la fin de la journée, j’ai reçu le groupe à la maison, qui par la voix de son Président m’a retracé son historique, et m’a informé de ses accomplissements et de ses projets. Il a également a manifesté son profond désir de se doter d’un local à Bababé pour y installer son siège et de pouvoir recruter plus de membres formateurs.
Le groupe m’a choisi comme son Président d’honneur. Je lui exprime ici toute ma gratitude pour cet honneur et je m’engage de manière concrète à m’impliquer dans ses activités futures.


Photos 4 : Le groupe des Paires Educateurs de Bababé : Samba Wonny, Moussa Idy dit Gory, Zeinabou, Zeidy m/ Gomeda, Aminettou m/ Diye, Oumar o/ Med Yassai

Etat actuel du Centre de Soins Médicaux de Bababé:
Comme vous le savez, le Centre de Soins Médicaux de Bababé est rénové dans son ensemble. Le Major du Centre le Dr. Mohamed o/ El Mokhtar nous a fait visité les locaux. La visite c’était déroulée en compagnie de M. le Préfet, du Commandant de la Brigade de Gendarmerie, de l’Adjoint au Maire et moi-même.

J’ai pu constater une nette amélioration au niveau des infrastructures. Une clôture digne du nom a été érigée autour du centre avec une magnifique façade à l’entrée. J’aurai tout de même souhaité voir l’apposition d’une plaque indicatrice du lieu. Une question de temps j’imagine !

Toutes les fissures du bâtiment ont été bouchées et les locaux sont revêtus d’une brillante couche de peinture. Certains bureaux sont équipés de climatiseurs flambant neufs et qui fonctionnent parfaitement. J’ai pourtant entendu des voix qui se plaignaient de la médiocrité du travail de réfection. Il semblerait que des fissures commencent à réapparaitre par endroits sur les murs. Je ne sais pas s’il faut attribuer cela à la médiocrité du travail ou à la qualité de notre sol. Je préfère ne pas juger.



Photos 5 : Centre de Soins Médicaux de Bababé

Ceci dit, même si les locaux sont entièrement rénovés, le centre souffre d’un manque cruel de matériel. Les équipements sont pour la plupart incomplets, afonctionnels ou tout simplement absents.

La salle d’accouchement est dans un état pitoyable. Les « lits » qui accueillent les femmes et les nouveau-nés sont très abîmés. Les housses sont crasseuses et couvertes de rouille crachée par la ferraille.

Les courageuses accoucheuses m’ont exprimé leur difficulté à effectuer un travail convenable dans de telles conditions. « Nous réalisons plus de 30 accouchements chaque mois dans une salle ne disposant même pas du minimum nécessaire pour accueillir nos patientes » me confie l’une des sages femmes. « Une femme est décédée la semaine dernière d’une hémorragie après avoir accouché chez elle » me confie une autre.


Photos 6 : Personnel médical (en haut à gauche), le matériel de la salle d’accouchement (les autres photos)

En ce qui concerne le laboratoire d’analyses médicales, j’étais agréablement surpris de constater le nombre de tests qui y sont réalisables. Toutefois, réalisables ne veut pas dire réalisées. Car, malgré la présence d’un personnel qualifié, le laboratoire est sous équipé. Avec l’aide de la technicienne Mme El Mouna m/ Ehmaid Elma j’ai pu dresser une liste des besoins immédiats du laboratoire (Tableau).


Besoins Urgents en matériels
1- Centrifugeuse de paillasse
2- Centrifuge d’hématocrite
3- Agitateur Kline
4- Microscope
5- Jeux de pipettes (5ul, 25ul, 50ul et 100ul)
6- Embouts
7- Rhesuscope
8- Spectrophotomètre
9- Compteur hématologique


Photos 7 : Le Laboratoire d’analyses médicales. Mme El Mouna m/ Ehmaid Elma, M. Fall Mika et moi-même (en haut à gauche), des microscopes sont hors d’usage (en bas à droite).

Pour ce qu’est de l’ambulance, elle a rendu l’âme depuis plusieurs mois. « La voiture (personnelle) de M. Fall a sauvé beaucoup de vies, on l’utilise très souvent pour aller chercher des malades dans des localités éloignées comme Abari ou Fora » me dit l’une des femmes.


Photos 8 : L’épave de l’ambulance (à gauche) et l’héroïne, voiture de M. Fall (à droite).
Quand au bloc de chirurgie (et implants dentaires), son état est plus que déplorable. Le matériel qui provenait d’un don de FADES (Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social), de l’année 1993, ne fonctionne plus depuis plus de 7 mois. Par conséquent, le dentiste (M. Fall Mika) est contraint d’arrêter la plupart de ses opérations depuis plusieurs mois.


Photos 7 : Ce n’est pas un dépotoir, c’est bien un bloc de chirurgie (et implants dentaires). M. Fall continue de recevoir ses patients (en haut à droite) pour leurs procurer le minimum des soins
La pharmacie et la salle de stockage de médicaments sont plus ou moins bien organisées, mais j’ai pu assister à une rupture de stocks d’un médicament d’urgence (Dexamethasone). La pharmacienne a expliqué que ce problème émane du retard pris par leurs fournisseurs à expédier leurs commandes. Une situation jugée inacceptable par M. le Préfet et le Major du centre, qui promettent de prendre des mesures nécessaires pour résoudre ce problème.


Photos 8 : La pharmacie (en haut à gauche) et la salle de stockage de médicaments (les autres photos)

Remerciements :
Je tiens à remercier le Dr. Mohamed o/ El Mokhtar (le major) pour son acceuille chaleureux et pour m’avoir ouvert les portes de son Centre. Je remercie également Mme El mouna m/ Ehmaid (Laboratoire), Dia Alioune (infirmier), Madame Rakiyel Dème (bénévole), Tata m/ Moylik (bénévole), Toullaye (sagefemme), Mme Maimouna Siwa (pharmacienne), Wonny Sall (bénévole) et tous les autres membres du centre que je n’ai pas cité nommément ici (je m’en excuse).

CHAPITRE II : EDUCATION

Ecole de Bababé :
Comme vous le savez tous, l’école I de Bababé a été en grande partie rénovée. J’ai eu l’occasion de la visiter pour la première fois depuis la « fin » des travaux. Je n’ai aucun mot pour vous décrire ma joie quand j’ai vu la transformation des bâtiments et l’ambiance qui régnait dans la cours de l’école.



Photos 9 : M. le Directeur de l’école (en haut à gauche), les classes rénovées (les autres photos)


J’étais très heureux de pénétrer dans des salles de classes et de l’accueil chaleureux qui m’a été réservée par les élèves. J’étais accompagné au cours de cette visite par M. le Directeur M. Choybou Wane. Dans chaque classé, il a rappelé aux élèves les efforts mis ensemble par les jeunes de Bababé de la diaspora, celles/ceux sur place, de leurs ami(e)s, et de la commune, pour rénover l’école. Le Directeur m’a ouvert toutes les salles de classes que j’ai trouvées propres et bien rangées. Les élèves disposent de canaris d’eau bien posés dans un coin de la salle, de ballets et de sacs à poubelle pour tour maintenir les salles propres.



Photos 10 : des salles de classes relativement désencombrées et des élèves joyeux. Le petit frigo (en bas à gauche), le sac à poubelle et le ballet (en bas à droite)
A la fin de ma visite, je me suis entretenu avec M. le Directeur dans son bureau pour évaluer de façon plus concrète les changements dans son établissement. Il dit que depuis la rénovation, l’état s’intéresse de plus en plus à l’école. Il dit également avoir noté la multiplication des demandes de personnes qui veulent venir étudier (élèves) ou travailler (enseignants) dans son établissement.

L’école est passée de 6 à 11 salles fonctionnelles et de 6 à 10 divisions pédagogiques dont une (1) première année, une (1) deuxième année, deux (2) troisièmes années, deux (2) quatrièmes années, deux (2) cinquièmes années et deux (2) sixièmes années.

La plupart des salles de classes sont équipées de tables-bancs dont une partie vient du programme lancé par son Excellence M. le Président de la République qui visait à équiper toutes les écoles du pays en tables-bancs. L’autre partie vient de l’action d’une ONG (je ne me souviens pas du nom, je m’en excuse) qui a financé la remise en état d’anciennes tables-bancs qui traînaient dans l’école.

Les élèves disposent également de toilettes descentes et fonctionnelles.



Photos 11 : classe entièrement équipée en tables-bancs (en haut à gauche), les nouvelles toilettes (en haut à droite) et la cours de l’école (les autres photos)

En ce qui concerne les besoins actuels de l’école M. le Directeur voit d’abord la nécessité de rehausser le mur de la clôture de 2 à 3 rangers de briques pour mieux protéger l’établissement des instruits. Par ailleurs, certaines classes sont encore surchargées et les élèves ne disposent pas de tables-bancs. D’où la nécessité de réfectionner les deux salles de classe inutilisables qui n’ont pas été remises en état lors de la précédente campagne de réfection.


Photos 12 : Les deux classes à rénover (en haut), situation d’encombrement et problème de tables-bancs (en bas).

Nous avons ensemble évalué les besoins en tables-bancs que nous avons estimés à 100. M. le Directeur souhaite également mettre à la disposition de ses enseignants des armoires de rangements pour leurs permettre de protéger leurs matériel (livres, cahiers, règles, etc.).

Lycée de Bababé:
J’ai passé deux matinées au lycée auprès des élèves et des professeurs. J’étais surpris de la rapidité avec laquelle l’établissement grandi en terme d’infrastructures. De nombreuses nouvelles classes ont été construites. Cependant, j’étais profondément peiné de voir des élèves assis à même le sol pour prendre leurs cours - Je pensais que ce problème s’arrêtait juste au primaire-.


Photos 13 : Lycée de Bababé, des élèves du secondaire au sol (à gauche) et les plus chanceux (à droite)

Au cours de ma visite, nous avons bien sûr discuté du manque de matériel (des tables-bancs en particulier), mais aussi du problème de déscolarisation massive des jeunes. J’ai sensibilisé les élèves sur l’importance de l’éducation en particulier pour les filles qui sont les plus touchées par le fléau (mariages précoces, accouchement, travaux domestiques, etc.).

Les professeurs m’ont fait part de leur inquiétude de la baisse du niveau des élèves. Il me semble que ce problème est une conséquence direct d’un manque d’encadrement qui commence dés le primaire.

Pour faire une évaluation personnelle de cette situation j’avais crée une petite école de nuit à ma maison. Chaque nuit je réunissais tous les élèves de mon voisinage à qui j’accordais 2 à 3 heures de mon temps pour les aider à faire leurs devoirs et revoir leurs leçons du jour. Vous n’allez pas me croire, mais j’ai constaté que le niveau est lamentable pour la quasi-totalité des élèves. J’ai vu des élèves du collège qui sont incapables de lire le Nouveau Syllabaire de Mamadou et Bineta.


Photos 14: ma petite école du soir à la maison (des élèves du primaire et du secondaire)

J’ai discuté avec les parents qui pour la plus part sont convaincus que la faute est aux enseignants qui ne font pas leur boulot. Mais à mon avis, la part de responsabilité des parents est très grande. Les parents se soucient peu de l’éducation de leurs enfants et je pense qu’il faut commencer par régler ce problème.
Bibliothèque (communale de Bababé):
Avant mon voyage en Mauritanie, Ibrahima Lamine (Abou Gogga) m’avait suggéré de m’entretenir avec M. Bernard Besse pour discuter avec lui du projet de DEHA qui voulait créer une bibliothèque à Bababé. M. Bernard Besse m’avait retracé l’historique de la bibliothèque municipale de Bababé dont j’ignorais l’existence. Il m’a mis en contact avec M. Sall Souleymane qui est l’actuel responsable de la Bibliothèque. M. Sall m’a fait visiter le local. Cette visite m’a permis de pouvoir donner mes propres appréciations.



Photos 15 : des fissures ouvertes sur le sol

Certes la salle est exiguë et délabrée, mais contrairement à ce que j’avais entendu, je pense que les livres de la bibliothèque sont en grande majorité de très bons livres qui peuvent bien servir aux élèves du primaire et du secondaire. C’est du gâchis d’avoir ce valeureux trésor qui dort dans la poussière depuis les années 80.

M. Sall Souleymane a d’ailleurs exprimé sa déception de ne voir personne venir réclamer les livres. Les élevés, les enseignants et les professeurs que j’ai pu rencontrer quand à eux, semblent ignorer l’existence même de la bibliothèque.


Photos 16 : des livres noirs de poussière

M. Souleymane Sall, M. Armya Sall et moi-même avons réfléchi sur une solution pour remettre la bibliothèque en marche. La solution au problème de salle semble déjà exister car, une salle de la mairie plus espacée et qui sert de débarras, pourrait bien accueillir la bibliothèque- une décision qui émanera des autorités bien certainement- En attendant une étude détaillée de la situation qui bien évidemment impliquera la mairie, DEHA et d’autres bonnes volontés (affaire à suivre).

En attendant, nous (M. Sall, Ball Ndiaye dit Ibou Maye et moi-même) avons nettoyé la salle (l’actuelle bibliothèque) et avons dépoussiéré les livres. Nous avons également pu libérer de l’espace dans la salle pour permettre aux plus motivés de venir travailler à la bibliothèque. J’ai profité de ma visite au lycée pour parler de l’existence de la bibliothèque.


Photos 17 : M. Ball Ndiaye (Ibou Maye), Sall Souleymane et moi-même dans une séance de dépoussiérage


Photos 18 : ça va beaucoup mieux n’est- ce pas ?

Remerciements :
Je remercie M. Choybou Wane, M. Sall Souleymane et mon ami Ball Ndiaye (dit Ibou Maye).

CONCLUSION
J’espère que ces informations vous serons utiles et vous permettrons de mesurer les besoins de notre communauté et de réfléchir à des solutions adéquates et durables. Nos précédentes réalisons sont louables et montrent une fois de plus que si chacun participe à la hauteur de ses moyens, nous arriverons à faire de belles choses. Bon courage !

Monday, September 6, 2010

Compte Rendu des Deuxièmes Journées de Consultations Médicales Gratuites de Bababé

Chers (es) compatriotes, chers amis (es) de la Commune de Bababé,
Du 05 au 07 Août 2010 se sont déroulées comme prévu, avec votre précieuse aide, des journées de consultations médicales gratuites au profit des populations de la commune de Bababé.

La cérémonie a démarré par une visite de courtoisie rendue au Hakem de la Mougataa par Sall Abdrahmane Béchir, Dr Ba Alhousseinou, Dr Ba Kassoum, Dr Ba Aissata et Mika Fall. Comme prévu les consultations ont eu lieu à l’école 1 de Bababé.

Les salles de la dite l’école n’ayant pas suffit comme bureau vu le nombre important de médecins et infirmiers spécialisés venu prêter main aux professionnels ressortissants de la commune (voir tableau ci-dessous), il a fallut alors recourir à quelques bureaux de la commune.





Ci- dessous le Nombre de professions présentes au cours de l’Edition 2010

PROFESSIONS
2 Pédiatres
4 Médecins généraliste
2 TSS ophtalmologistes
1 TSS ORL
5 SFE
2 Techniciens de laboratoire
2 Techniciens de Radiologie
4 Infirmiers d’état
6 IMS
13 Filles de salles et accoucheuses

Au cours de ces trois journées (05 ,06 ,07 Août 2010), 2519 patients ont pu bénéficier de consultations gratuites et, sauf quelques rares exceptions, tous les patients consultés ont reçu des traitements gratuits.

Types de consultations et le nombre de patients les ayant bénéficiés

910 Médecine Générale
670 Pédiatrie
462 Ophtalmologie
266 Gynéco obstétrique
121 ORL
90 Stomatologie
213 Glycémie capillaires réalisées
Autres actes de soins(pansements, injectons…) Non comptabilisés

Les pathologies les plus couramment rencontrées chez les adultes l’hypertension artérielle et les maladies ostéo-articulaires, en pédiatrie aucune pathologie ne se détache particulièrement, on retrouve pèle mêle les accès palustres, les dermatoses, les parasitoses, la malnutrition, les angines…..

En ophtalmologie les cataractes chez les adultes et les ECLT (Lymbo-conjonctivite endémique) chez les enfants mais aussi des conjonctivites d’allure allergiques.

Les dentistes n’ont pas aussi chômé : entre extraction et soins dentaire, si ce n’est soins et extraction en même temps.

La présence de deux sage femmes d’état de plus de 30ans d’expérience, deux autres de plus de 10 ans et d’une autre en fin de formation, alliant expérience, maturité et dynamisme ont eu raisons des troubles de cycle, des dysménorrhées et des infections génitales.

En ORL entre les bouchons de cérumen et les OMA des enfants on eu raison de notre seul technicien, d’ou la nécessité de le renforcer lors de l’édition 2011.

Nous avons eu à hospitaliser 4 malades au CSM de Bababé, que nous avons entièrement pris en charge (médicale et financière), 03 sont sortis indemne avant notre départ de Bababé, la dernière évacuée a Nouakchott par nos soins se porterait mieux aux dernières nouvelles.

Contrairement à la première édition, celle-ci été exclusivement consacrée aux consultations matin et soir, faute de temps mais aussi de l’absence de notre ami et collège Dr Sall Alhousseynou (retenu pour des obligations professionnelles), les conférences de sensibilisations n’ont pu avoir lieu.
Ci-dessous la liste des professionnels ayant honoré de leur présence. ♠Invité(e)s

Sall Abderrahmane Béchir - TSS, ORL CHN, Nouakchott
Dr Ba Alhousseinou - Service Médical, SNIM, Nouadhibou
Dr Ba Kassoum - Médecin Chef, Médèrdra
Dr Ba Aissata- Pédiatre Hôpital Cheikh Zaed, Nouakchott
Dr Wague Django♠- Pédiatre, CHR, Kaédi
Dr Traoré M Silly ♠- Dentiste, CSM, Elmina , Nouakchott
Dr Aliou Ball- Médecin CHR, Kiffa
Dr Anne Abdrahmane - En formation (6e année médecine)
Ngaidé Mamadou lamine♠ - TSS, Ophtalmologiste, Nouakchott
Hassane Ballo♠ - TSS Ophthalmologiste , Nouakchott
Fall Mika - TSS, Dentiste CSM, Bababé
Ba Fatimata Kassoum- SFE, CHR, Kaédi
Sall Aissata - SFE, Retraitée
Dia Halimata - SFE, Nouakchott
Bintou Athié ♠- SFE, Djewol
Houleye Ba - SFE, ENSP, en formation
Dem Abdoulaye - TS, Radiologie CHR, Kiffa
Mme Ba Hawa Tall - TS, Laboratoire CHR, Nouadhibou
Sall Saidou - TS, Laboratoire CHR, Aleg
Ane Moussa - IDE, Retraité
Sall Abdoulaye Ousmane- IDE, Kaédi
Oumar Amadou Sall- IDE, en formation
Ousmane Boun Affan- Major du CSM, Bababé
Houleye Dialaw Dia - IMS, Boutilimitt
Ball Hawa - IMS, Nouakchott
Aissata Oumar Sow - IMS, Nouakchott
Sall Abdrahmane - IMS, Nouakchott

Etaient également présent tout le personnel du CSM de Bababé, avec à leur tête le Médecin chef du centre le Dr Moctar O Med Nâgî qui n’a ménagé aucun effort pour la réussite de cet événement social que nous remercions vivement pour sa disponibilité et son esprit très confraternel notamment :
Aliou Demba, Maimona Ciwa, Sy Diaynaba, Sall Aminata, Hawa Ndiath,Rakiyel Dem, Raky Barry , Hawa Dia, Aissata Rama.

Nous remercions vivement tous ceux qui de prés ou de loin ont contribué à la réussite de cet événement. Nos remerciement n’auraient garde d’oublier :
- Le Hakem de la Mougataa de Bababé pour tous les efforts consentis durant toute la nuit de veille de l’ouverture et pour sa disponibilité.
- Le maire de Bababé qui est resté en communication permanente depuis que l’idée a germé, pour ces conseils précieux et sa disponibilité sans faille.
- L’ONG « AMES – Enfants Déshérites » qui est venu vers nous depuis l’annonce des événements s’est dite être entièrement à notre disposition, merci pour l’organisation presque parfaite.
- Fedde Pinal Sukaabe Looti (FPSL) et plus particulièrement à Houlèye Baba, Doudou Ba, pour les ordonnanciers, les numéros, les registres aidés en cela pour la saisie, l’impression et le découpage par Bonguel Ba et Fama Dia.
- La généreuse Organisation pour le Développement de Bababé (ODB) pour la disponibilité de ces membres et son apport précieux en détergent et poubelles.
- Les professeurs et instituteurs en vacance à Bababé.
- Les ressortissants de la Diaspora (Canada, France, USA et Hollande). Ces journées ne se seraient certainement pas tenues sans leurs conseils, leurs encouragements et leur appui financier.
- Le Comite de Jumelage Bababé-Cesson,
- L’Association Bababé Solidarité Développement de France (ADSB).

Aux noms des populations bénéficiaires, des professionnels de santé, du comité de Pilotage et de tous les ressortissants de la commune, nous remercions très chaleureusement les institutions et laboratoires ci-dessous pour leur contribution inestimable en médicaments à la réussite de la deuxième édition des journées médicales de consultations gratuite :
- Le Centre Hospitalier National
- Le Service Médical de la SNIM
Les différents laboratoires représentés à Nouakchott à travers leurs délégués médicaux : Agence Chambralin, Dafra pharma, Faes Pharma, Denk Pharma, Novartis, Shering Plough, Tridem Pharma, Laboratoires Caplin point et EXphar, Alcon, Sandoz, Ranbaxy laboratoires limited.

Nous excusons d’avance si par inadvertance, avons sauté le nom d’une personne ou institution, d’un laboratoire ayant apporté sa contribution pour la réussite de ces journées.
Nous, nous donnons rendez vous a la même période en 2011 « inchaalah».

Edité le 6 septembre 2010 par Dr Ba Alhousseinou
Révisé par Dr Sall Alhousseynou
Approuvé par le Comite de pilotage

Les Membres du Comité de Pilotage des Deuxièmes Journées de Consultations Médicales de Bababé - Edition 2010 -

Sall Abderrahmane
Président
Surveillent, Service ORL, CHN, Nouakchott, MAURITANIE
Abderrahmanesall@yahoo.fr, Téléphone : (00 222) 662 40 04 begin_of_the_skype_highlighting (00 222) 662 40 04 end_of_the_skype_highlighting

Dr Ba Kassoum
Sensibilisation et Mobilisation des Professionnels(les)
Médecin Chef, Medredra, MAURITANIE
Kassoumba2008@yahoo.fr, Téléphone: (00 222) 649 54 94

Dr Sall Alhousseynou
Mobilisation et Gestion des Ressources
Virologiste Moléculaire Laboratoire National de Génétique du Virus du SIDA, Ottawa
CANADA
sallalhou@hotmail.com, Téléphone : (613) 680 21 90

Dr Ba Alhousseinou
Porte Parole et Relation Extérieures
Service Médical, SNIM, Nouadhibou, MAURITANIE
balhousseinou@yahoo.fr, Téléphone : (00 222) 574 28 14 ou (00 222) 638 80 50

Friday, January 22, 2010

...nous sommes tous « des hommes et des femmes de l’année 2009 » ...


Chers compatriotes,

« La reconnaissance est le sentiment d’un bienfait » avait dit Vauvenargues, un écrivain français (17e siècle), et c’est ce sentiment que doivent partager les Bababois.

C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai appris aujourd’hui même ma nomination de l’homme de l’année 2009 de Bababé par KOYLE : http://koyle.blogspot.com/2010/01/prix-koyle-lhomme-de-lannee-2009bababe.html.

Je suis agréablement surpris d’apprendre la nouvelle qui ne fait que renforcer ma conviction de mon devoir absolu de contribuer au développement de notre village. Je remercie tous ceux qui ont voulu honorer ma personne en me choisissant comme l’homme de l’année 2009. Je vous avoue que cette distinction n’aurait de valeur pour moi que si je la partage avec tous ceux qui ont répondu à l’appel que j’avais lancé en Août 2008, pour la réfection de l’école 1 de Bababé. Quand j’ai lancé « ce cri de cœur »- j’emprunte l’expression de l’autre- la réponse n’a pas tardée. De ce fait, je dirais que nous sommes tous « des hommes et des femmes de l’année 2009 » et je voudrais partager cette distinction avec toute la jeunesse de Bababé. Je pense aux jeunes des Etats-Unis, de la Belgique, du Canada, de la France, de la Hollande, de la Mauritanie et d’ailleurs. Mes pensées n’auraient garde d’oublier les non-Bababois qui ce sont mobilisés avec nous par amitiés ou par solidarité pour la réalisation du projet.

Je dois souligner tout de même que cette action commune n’est autre qu’un début. Nous ne devons pas crier victoire car beaucoup reste à faire. Vous n’êtes pas sans savoir la précarité de notre Centre de Santé et de la dégradation de l’éducation des jeunes du village. Nous devons réfléchir ensemble sur des projets qui nous permettront d’améliorer la situation. Nous ne devons pas avoir peur d’échouer, nous devons plutôt avoir peur de ne pas pouvoir continuer le combat. Nous ne devons pas non plus avoir peur d’opposer nos idées, nous devons avoir peur de nous heurter les uns les autres. J’invite toutes les associations de notre village à travailler main dans la main pour relever les défis auxquels nous faisons face.

Je profite de cette occasion pour vous annoncer que j’ai crée une organisation à but non-lucratif nommée DEHA (Damaaw Education and Heath Association). La dite association a été incorporée sous le British Columbia Society Act., donc reconnue par le gouvernement canadien. J’ai crée cette association avec l’aide de mes anciens collègues de travail de l’Hôpital Saint Paul de Vancouver. Cette association comme son non l’indique veut intervenir dans les domaines de la santé et de l’éducation dans les pays africains, en particulier en Mauritanie. Nous avons naturellement choisi Bababé et environ comme l’épicentre de nos actions. Le bureau a été désigné par vote en Septembre dernier à la suite du quel la tâche du président m’a été confiée. Je suis entouré de personnes qui ne connaissent pas Bababé, mais qui partagent mes convictions et qui sont animées par une très grande volonté de contribuer au développement de notre village. Au nom de DEHA et à mon nom personnel, je tends la main à toute personne ou groupe de personnes (associations) qui souhaiteraient travailler avec nous pour le seul objectif de contribuer au développement de Bababé. Le site internet de notre association est en construction, mais vous pouvez voir un avant goût de nos objectifs en visitant le lien suivant : http://damaaw.wordpress.com/

Avant de terminer, je voudrais saisir cette opportunité pour vous présenter mes vœux de bonne et heureuse année 2010. Que ce nouvel an apporte de la joie dans vos foyers et renforce notre conviction pour un Bababé uni pour le bien être de tous.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, j’ai quitté la ville de Vancouver depuis Août dernier. Je travaille maintenant au Laboratoire National de la Génétique du virus du SIDA à l’Agence de la Santé Publique du Canada, à Ottawa. Vous trouverez mes coordonnées en bas de la page.

Je vous remercie.

Dr. Alhousseynou Sall

Prix Koyle / L’homme de l’Année 2009/Bababé



Koyle décerne le prix de l’homme de l’Année 2009/Bababé à Docteur Sall Alhousseiny
dit Mamoudou Rackiel.

Doct Sall s’est illustré en 2009 par la réalisation de son projet de réfection de l’école1 de Bababé. L’initiative lancée en juin 2008 par son cri du cœur « l’école de Bababé en ruine « a porté ses fruits . L’école est réfectionnée, elle devenue fréquentable et digne d’une école qui a formé de nombreux cadres du village.

Le projet ne serait pas réalisable sans la participation de certains donateurs de la diaspora Bababoise, notamment l’ABSD (l’association Bababoise pour la solidarité et le développement) qui a organisé le 16 Mai 2009 à cesson (France) une » journée d’action pour l’école 1 de Bababé «.
Mention spéciale à la Mairie de Bababé.

« Tous pour le développement de Bababé « Notre slogan pour l’année 2010.


BAVO DOCTEUR SALL
Publié par koyle à l'adresse 4:32 AM

Réaction du Dr. Sall Alhousseynou à l'appel lancé par les autorités mauritaniennes à l'endroit des médecins mauritaniens expatriés


Avoir de la santé, c'est vivre heureux selon le monde ; N'en point avoir, ce n'est pas vivre, c'est mourir tous les jours." Citation Jacques-Paul Migne ; extrait des Orateurs sacrés-1845. Le peuple mauritanien n’a pas de la santé, c’est donc un peuple mourant.

J’ai lu hier soir sur cridem.org, l’appel pressant lancé par les nouvelles autorités de Nouakchott à l'endroit des médecins mauritaniens établis à l'étranger. Je suis mauritanien, je suis Docteur en virologie moléculaire et je travaille à l’Agence de la Santé Publique du Canada dans le Laboratoire National de la Génétique du virus du SIDA. De ce fait, je suis directement concerné par cet appel. Je voudrais ici faire part à mes collègues mauritaniens et à tous mes compatriotes, de ma réaction à cet appel.

Je voudrais avant tout, exprimer à Monsieur le Président de la république et à Monsieur le Ministre de la santé, mes très respectueuses salutations et mes vœux les plus sincères de bonne année. Cet appel réveillera sans doute, une fierté chez de nombreux collègues mauritaniens travaillant actuellement en dehors du pays. Personnellement, cet appel m’a donné le sentiment d’être utile pour ma nation. J’ai pourtant été sollicité dans différents pays, comme les Etats unis, la France, le Canada, la Chine, l’Arabie Saoudite et bien d’autres. Par des laboratoires de recherche qui ont reçu mon curriculum, ou qui ont lu mes travaux publiés dans des journaux scientifiques, et ont jugé que mes modestes compétences pourraient leurs être utiles. Etre sollicité pour ses compétences est forcément une chose valorisante, ne serait-ce que d’être utile à quelque chose. Il l’est d’autant plus que l’appel vient du président. Combien de cadres mauritaniens expatriés rêvent de trouver une opportunité de rentrer travailler dans leur pays? Combien de médecins, de chercheurs, d’ingénieurs ou de travailleurs hautement qualifiés ont fuit notre pays pour offrir leurs compétences ailleurs?

Le débat sur le retour des cadres dans leur pays est ouvert depuis des années. Tout le monde est d’accord sur le fait que la Mauritanie ne peut compter que sur ses fils pour sortir de son sous développement. Il importe tout de même de rappeler les raisons qui ont contraints ces cadres à l’exil. C’est ce que je cherche à faire ici, en prenant mon cas pour un exemple.

Quand j’ai quitté la Mauritanie il y a un peu plus d’une décennie, avec un diplôme de Maîtrise et une bourse d’études dans la poche, mon plan de carrier était clairement dessiné dans ma tête. Je partais avec l’idée de m’instruire dans de meilleures conditions possibles, pour ensuite revenir travailler dans mon pays. J’ai compris par la suite que cette promesse était difficile à tenir dans un pays qui n’offre aucune garantie d’insertion aux diplômés. Après ma graduation en 2004, j’ai été rattrapé par la triste réalité que connaissent beaucoup de jeunes mauritaniens, qu’est la peur de retourner.

Quand un jeune diplômé pense à sa famille qu’il a laissée derrière lui et qui vit dans une misère noire, quand il pense à ses parents vieillissants, malades et affamés, l’idée de retourner est très vite enterrée. Ne retournent alors que ceux qui peuvent compter sur des « bras-longs» capables de leurs décrocher du travail. D’autant plus que dans notre Mauritanie des années précédentes - et peut être même celle d’aujourd’hui- la compétence seule ne suffisait pour obtenir du travail. Il parait qu’un fils de cultivateur ne pouvait pas aspirer à un poste digne de son titre de docteur ou d’ingénieur. Peu importe la brillance de ses études et les distinctions qui ont orné son parcours, ses diplômes n’ont aucune valeur devant celui d’un fils de cadre, qui lui, n’a même pas le besoin de concourir. J’ose croire que ce temps est révolu dans notre Mauritanie d’aujourd’hui ?

Ceux qui ne disposaient pas de bras- longs étaient laissés à eux-mêmes et devaient tout simplement se débrouiller. Au lieu de revenir en Mauritanie, passer des années à essuyer les pompes des recruteurs, ils choisissent l’exil. Ils choisissent de se tourner vers des horizons où leurs compétences sont valorisées. Certains tentent de rester dans les pays qui les ont formés, d’autres immigrent vers d’autres pays d’accueil en attendant des jours meilleurs. Dois-je espérer que les jours meilleurs dont beaucoup rêvaient sont enfin arrivés en Mauritanie ? C’est ce que semble me signifier l’appel lancé par les autorités de notre pays…

Pour revenir sur le cas de médecins, il faut savoir qu’exercer ce métier dans notre pays n’est pas chose facile. Je ne mets pas en doute les compétences de mes collègues médecins qui travaillent en Mauritanie, j’en connais qui font un travail irréprochable. Mais ces courageux « soldats du bien-être » se plaignent de leur situation qui se détériore de jour en jour. Les conditions de travail sont d’une médiocrité inquiétante à cause d’un manque criant de moyens. Certains de nos hôpitaux sont devenus des mouroirs pour les pauvres, qui ne peuvent pas s’offrir le luxe de se faire consulter dans des cliniques privées. Ceux qui disposent de moyens, se font soigner dans des hôpitaux étrangers. Les hôpitaux du Maroc, de la Tunisie, du Sénégal et de la France accueillent un nombre croissant de patients mauritaniens chaque année. Pourtant dans ces mêmes hôpitaux, nos patients sont souvent pris en charge par des médecins qui ont été formés dans les mêmes universités que leurs collègues mauritaniens. Un paradoxe n’est-ce pas ?

La volonté du Président, et de son équipe, de mieux valoriser les conditions matérielles et l’environnement de travail dans nos hôpitaux, constitue un élément incontournable pour convaincre nos médecins expatriés de revenir travailler dans le pays. Il est bien évident qu’un professionnel de santé qui a goûté aux délices de travailler dans des hôpitaux de grandes renommées, avec des outils technologiques modernes, aura bien du mal à s’adapter à la précarité de nos centres de soins, où même se procurer une paire de gants est un luxe. C’est peut être trop tôt de demander un laboratoire de niveau 4 pour l’hôpital National de Nouakchott, mais, je pense que cette structure a besoin du minimum sans lequel les patients ne seront soignés que de façon approximative. Sans des conditions matérielles satisfaisantes dans nos hôpitaux, la santé que les autorités veulent offrir aux mauritaniens ne sera qu’illusion. Le seul retour des médecins ne pourra garantir de meilleurs soins et je pense que les autorités l’ont bien compris. D’ailleurs, c’est à cause du manque de moyens, que de nombreux médecins qui avaient eu la courageuse décision de rentrer au pays après leurs formations, sont repartis travailler à l’étranger.

Je ne pourrais me passer de parler de la recherche médicale, indissociable du travail des médecins. Là aussi notre pays est très loin derrière. Je n’ai pas la prétention de nous comparer à la France ou au Canada ; ce serait trop demander, mais il nous reste un long chemin à parcourir. Il y’a quelques années, j’avais effectué un stage au Centre National de Transfusion Sanguine de Tunis. Mes trois années d’expérience dans ce centre, m’ont permis de me rendre compte à quel point notre pays est en retard. J’ai eu le même constat quand j’ai visité des centres de santé au Sénégal.

Nous manquons d’initiatives et notre pays ne semble pas vouloir s’ouvrir au monde de la recherche et de s’impliquer de façon sérieuse. J’ai assisté à de nombreuses conférences internationales, et force est de constater que notre pays est absent. Pour le vérifier, il suffit de jeter un coup d’œil sur des sites internet (pubmed.com, par exemple), qui diffusent les résultats de recherche en santé dans le monde. Sur ces sites, des travaux impliquant la Mauritanie se comptent sur le bout des doigts. C’est d’ailleurs à cause de cette carence, qu’il est impossible de se procurer des informations conséquentes sur une quelconque pathologie dans la population mauritanienne. Les prévalences des maladies sont pour la plupart méconnues et celles qui sont chiffrées, ne le sont que de façon approximative. Qui pourrait me donner la prévalence exacte du VIH/SIDA en Mauritanie? Je défis tout médecin qui prétendrait connaitre avec précision la prévalence actuelle des hépatites virales sur notre territoire. Sans des données exactes, la surveillance des ces infections ne sera possible.

Notre terrain est pourtant propice à la recherche. De nombreux pays en développement ont compris la nécessité d’impliquer leurs scientifiques (médecins, chercheurs, ingénieurs…) dans des collaborations avec les pays développés. Une manière simple et efficace de faire de la recherche sans dépenser de l’argent. Les bailleurs de fonds encouragent ces collaborations et mettent en œuvre de gros moyens pour les soutenir. Malheureusement, notre pays ne semble pas comprendre que le bénéfice que cela pourrait apporter à notre système de santé est bien réel. Juste à titre d’exemple, je travaille avec des médecins-chercheurs qui sont originaires de pays en voie de développement, avec la volonté des autorités de leurs pays d’origines et le soutien de nos équipes de recherche, nous avons pu établir des projets de collaborations élégants qui ont donné des résultats très intéressants. J’ai personnellement initié des projets de recherche avec mon ancien laboratoire en Tunisie, avec le Mozambique, et bien d’autres pays encore. Les valeurs de nos résultats sont d’une importance capitale aux vus de ces pays. Cependant toutes mes tentatives de collaborations avec la Mauritanie se sont soldées par des échecs. Depuis plusieurs années, je me bats, en vain. J’ai l’impression que ma chère patrie ne veut pas de moi et ne s’intéresse guère à ma contribution. J’ai voulu prouver à mon pays que malgré une satisfaction professionnelle, de meilleures conditions d'emploi et une bonne rémunération dont je bénéficie ici au Canada, je n’ai jamais perdu mon ambition de participer au développement de ma patrie. Mais mon souhait d’aller encore plus loin dans la recherche médicale et le dévouement que j’ai pour mon métier de chercheur n’altérera en rien l’amour que j’ai pour mon pays. Je suis persuadé que beaucoup d’autres collègues expatriés partagent avec moi ce sentiment.

Avant de terminer, je salue une fois de plus cette belle initiative lancée par les autorités de Mauritanie. Je pense que leur appel porte un réel espoir, aussi bien pour la population mauritanienne, que pour nos médecins expatriés qui désirent prêter main forte à notre système de santé bien défaillant. Je ne doute nullement de la volonté de notre gouvernement de vouloir améliorer les conditions de travail dans les hôpitaux et je souhaite que cette entreprise soit couronnée de succès.

Je vous remercie de votre attention.

Dr. Alhousseynou Sall
National HIV and Retrovirology Laboratories
Public Health Agency of Canada
LCDC Building
100 Eglantine Driveway
Tunney's Pasture
Ottawa, ON, K1A0K9
Canada