Chers compatriotes (Bababois),
Lors de mon dernier séjour à Bababé, en février 2007, je suis allée visiter l’ancienne école du village. J’ai tout d’abord été pris par une grande émotion d’avoir retrouvé ce lieu qui a profondément marqué ma jeunesse. Le décor a réveillé en moi des souvenirs de mon enfance, et mes pensées m’ont amené jusqu'à mes anciens camarades de classe, ceux que je vois encore de temps en temps et même ceux que j’ai perdu de vue il y a un peu plus d’une décennie. Cependant, ces merveilleux souvenirs
ont très vite été repris par un sentiment de profonde tristesse à l’image désolante que présentent les lieux en ce moment. Les salles de classe se sont en effet dégradées de façon très importante. Les murs fissurés ne tiennent que de façon précaire, des dommages apparaissent aux fenêtres, aux portes, ainsi que des infiltrations dans les toitures, comme le montrent les photos ci-jointes. Les plus jeunes passent l’année assis par terre, dans un nuage de poussière avec le risque de développer des maladies pulmonaires et respiratoires graves. En plus des conséquences sur la santé de leurs corps fragiles, la salubrité des lieux a un impact très négatif sur la scolarité de ces jeunes. Je ne suis pas le seul à avoir constaté la dégradation du niveau scolaire.
Certains collégiens voire lycéens, ne savent même pas construire une phrase correcte en français. Je ne prétends pas être bon en français, mais il me semble que le niveau actuel des jeunes est d’une médiocrité inquiétante.
Il est indéniable que le système éducatif de notre pays est défaillant dans son ensemble, mais tout le problème ne vient pas de là. Le problème vient aussi du fait que les élèves des écoles publiques sont abandonnés et rien n’est fait pour leur donner envie d’aller étudier. Les écoles de notre village sont tristes, certaines classes ressemblent à des ruines : même pas une couche de peinture pour leur apporter un peu de gaieté. Par cette lettre, j’invite tous nos compatriotes qui vivent en France, au Canada, en Belgique, aux Etats-Unis et partout ailleurs, pour qu’ils se mobilisent pour rénover nos écoles. C’est le plus beau cadeau que nous puissions faire à nos enfants, nos frères et sœurs, nos neveux et nièces, nos cousins et cousines, à notre village tout simplement.
Certains diront que les coûts d’entretien de nos écoles et de l’hôpital de Bababé, devraient être d’ordinaire couverts par les subventions de la commune et qu’il est de la responsabilité de nos politiques de financer les travaux. D’autres qui ont perdus confiance en nos dirigeants, ne voudront pas donner de l’argent par peur que cela ne soit détourné. Quelque part, je partage ce sentiment, qui, il me semble, est bien justifié, mais, je me réserve de critiquer ou d’accuser quiconque car l’heure n’est plus à la polémique et aux procès stériles. Il faut que l’on s’organise par groupes ou en associations (vous pouvez l’appeler comme vous voulez) et agir avec transparence. Nous devons prendre exemple sur beaucoup d’autres villages, dont les écoles, les hôpitaux et même les marchés ont été entièrement construits ou rénovés par ses expatriés. Nous ne sommes pas riches, mais en mettant nos moyens ensemble, nous arriverons à faire changer quelque chose. Pour cela, nous devons mettre de coté nos divergences politiques, familiales et autres et œuvrer ensemble pour le développement de notre village. Je prie toute personne qui cache derrière sa tête une idéologie politique quelque soit son orientation, de bien vouloir s’abstenir. La seule idéologie devrait être celle pour un village avec une école digne de ce nom. Notre village est trop en retard et nous expatriés, avons un rôle prépondérant à jouer pour son changement.
Je vous adresse cette lettre avec l’espoir que vous répondrez à mon appel. La lettre a été diffusée dans de nombreux pays (France, Belgique, Mauritanie, USA) et beaucoup de nos compatriotes s’organisent déjà pour changer l’image de notre village, à commencer par l’école et l’hôpital.
Vos idées et vos points vus sont les bienvenus.
Fraternellement
Dr. Alhousseynou sall